La « Maison bleue » à Saint-Jeannet

 

BDNV: C’est une maison bleue, adossée à la colline…. Oui! On a envie de chanter la chanson de Maxime Leforestier qui nous a, pour certains, bercés. La bastide « La Maison Bleue » , protégée par les baous majestueux est face à la mer… Raconte nous l’histoire de cette maison plantée sur la terre de Saint-Jeannet (06).

M.C. : Eh oui, Maxime nous revient à la mémoire ; je ne sais pas si c’est à cause de lui mais j’ai même jeté mes clés une fois, tout mon trousseau ! Il me manque un gros bout de l’histoire de la maison – je l’ai trouvée sur un  cadastre de 1833 – elle est entrée dans la famille quand mon arrière grand-père l’a achetée à un notaire – c’était donc une maison bourgeoise – surtout pour ses 2 ha de terrain cultivable orienté en plein au sud. Ma famille l’a travaillé, bigaradiers et roses de mai pour la parfumerie, raisin, spécialement Saint Jeannet tardif. Entre les deux guerres, un kilo de ce raisin vendu payait la journée d’un ouvrier agricole et ils sont nombreux les saint jeannois à se souvenir être venu travailler ici. Depuis une dizaine d’années, l’olivier est revenu prendre toute la place ou presque. Dans les années 70 , une autre période s’est ouverte pour la maison, un artiste, professeur à la Villa Arson, s’y est installé avec sa famille et là, sont venus César, Robert Filliou et d’autres. Retour pour moi dans la maison voici près de 30 ans pour mettre au monde mon premier fils … Les enfants ont grandi et il y a une dizaine d’années aussi, j’ai ouvert deux chambres d’hôtes au rez de chaussée de la maison. Une idée qui passait par là et qui m’a amené des rencontres extraordinaires, des amitiés, des découvertes et des enrichissements que la maison a accueillis et entourés. Alors, ici je montre l’ancienne cuisine et ses bugadiers pour faire la lessive, je raconte, je partage avec les « passants » l’histoire et les saveurs, les traditions et le monde de demain.

BDNV : Cette maison bleue fait rêver; il n’y a qu’à regarder ces quelques photos pour être séduits. La situation de cette maison est idéale, n’est ce pas ?

M.C. : On peut dire que c’est une maison bioclimatique du XVIIIème siècle ou à peu près, entièrement fermée au nord et à son vent frais qui a glissé sur la neige, ouverte sans retenue au sud et au soleil avec en été de grands arbres pour l’ombrager. De pierre et de chaux, la maison reste naturellement fraiche l’été. Les arrières sont protégés par les deux majestueux Baous tandis que le regard peut aller loin vers la mer. 

L’espace est là, une grande et belle oliveraie de 260 arbres environ,  puis, d’autres essences, des fruitiers, qui dessinent des espaces pour se poser. Les balades dans la montagne démarrent là, Saint Jeannet est à 10 minutes par le chemin. La mer, les villages perchés, les musées  et autres visites à faire sont à proximité mais on retrouve le soir la paix de la maison.

BDNV… : On s’imagine aussitôt prendre son petit déjeuner sur la terrasse, savourant pains et confitures de ta confection avec des produits de la région, invités au concert des oiseaux. Ici, c’est un repère de la L.P.O., cela consiste en quoi?

M.C. : En fait, quand on a comme moi une grand-mère qui s’appelait Merle, on ne peut sans doute que faire la part belle aux oiseaux. 
Très simplement, ouvrir chez soi un refuge LPO, c’est faire un espace propice à la vie, un lieu de biodiversité locale, faune et flore.
Comment ? Eh bien d’abord en ne nuisant pas à la vie de par son activité, c’est-à-dire en n’utilisant pas de produits chimiques, en ne chassant pas par exemple.
Puis en favorisant son installation par ses aménagements, nichoirs bien sûr mais aussi haies, mares, tas de bois mort ou murets de pierres sèches et en amenant de la nourriture, graines, compost …
Un cycle s’installe : les insectivores débarrassent les arbres de leurs parasites, d’autres sèment et vous donnent de jeunes pousses d’arbres. Dans le compost, les larves de cétoines dorées maturent et au printemps, les insectes marchent les uns sur les autres sur les pyracanthas. Il n’est que de regarder et se réjouir. Et pendant les petits déjeuners, ne pas oublier d’ouvrir les oreilles et de lever la tête !

 

 

 

 

BDNV : Le jardin qui s’ouvre sur une campagne un peu sauvage, c’est une façon pour toi de laisser vivre la nature à sa guise? Parle nous de ton engagement envers la nature ?

M.C. : Je dirais plutôt de laisser vivre … un tas de systèmes vivants s’organisent et se sont organisés bien avant nous et j’aime considérer ce lieu comme un espace partagé où chacun a son droit de présence, sa place et sa nourriture. Et son utilité aussi !
Je suis arrivée ici il y a près de 30 ans la tête pleine de catégories : les bonnes et les mauvaises herbes, les insectes sympas et les nuisibles, etc ….
Puis avec le temps et un ami guide naturaliste, j’ai appris à connaître les plantes du jardin, leur utilité, leur goût pour certaines ; je les ai regardées s’installer, grandir, fleurir ou fructifier. J’en ai invité quelques unes nouvelles en privilégiant l’aspect d’adaptation au sol, au climat. Il est des plantes comme des gens, il faut s’approcher, rencontrer, pour lever catégories et préjugés.
J’ai découvert que guêpes et frelons , que j’essayais tout d’abord de prendre au piège avec de nombreuses victimes collatérales chez les papillons, débarrassaient les arbres des pucerons qui les rendaient malades. J’essaye de vivre en paix avec tous et de … regarder, relier, admirer, profiter, essayer de com-prendre.

 

BDNV : Tu as réalisé une mare végétalisée, en quoi est-ce utile à la nature ?

M.C. : Oui, nous avons installé plusieurs petits jardins d’eau que nous avons plantés de nénuphars, papyrus, iris et jacinthes d’eau ainsi que du fascinant grand lotus. Nous en avons servi un soir les racines à nos invités, imaginez !
La faune est arrivée sans retard, rainettes et libellules tout d’abord puis les insectes, les escargots et les poissons pour finir. Je ne savais pas qu’il y avait autant d’espèces et de couleurs de libellules ! Les larves de moustiques font en plus leur régal donc pas de problème à ce niveau. On se rend compte là à quel point l’eau est donneuse de vie.
C’est une expérience extraordinaire que j’invite vraiment chacun à vivre quelle que soit la taille du bassin qu’il peut installer.
Je suis malheureusement aujourd’hui la seule jardinière de la maison et ne peut lui donner le même temps qu’auparavant, là aussi il a fallu s’adapter et repenser ses choix mais le chant des grenouilles dès les premières nuits du printemps en vaut bien la peine.

La « maison bleue » est un lieu magique, poétique qui vous fera de jolis souvenirs, pour les renseignements, cliquez : www.maison-bleue.org

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P.S. pour www.biodansnosvies.fr