Le sable

 

 

 

 

 

 

 

Le sable…

C’est l’été, et on souhaite que le soleil brille, enfin !

Certains seront couchés sur le sable, captant les rayons à pleine peau (pensez à notre article sur les crèmes solaires), d’autres préfèreront les randonnées à cheval sur les immenses plages du Nord de la France. Le point commun : le sable.

Ces milliards de petits grains amoncelés pour nous offrir des souvenirs inoubliables. Mais d’où viennent t-ils ?…

Tout simplement de la désagrégation des roches de la région concernée ! Et cela peut prendre des milliers, voire des centaines de milliers d’années…

Il peut donc être formé de quartz, feldspath, mica, et autres débris de calcaires, coquillages, corail… dans des proportions variables selon les régions bien entendu ! Sa couleur dépendra aussi de la roche d’origine : blanche pour les sables provenant des roches plutôt calcaires ou de gypses ; noire ou orangée pour des sables provenant de roches granitiques, volcaniques ou gréseuses.

Dans certaines régions, il peut ainsi se former des chaos granitiques, dus à l’altération de la roche, avec érosion du sable (qui est éliminé par l’eau de pluie, l’action du vent…). Les blocs les plus compacts se retrouvent alors en position d’équilibre, sous des formes parfois incongrues, plus spectaculaires les unes que les autres, pour notre plus grand plaisir visuel. La forêt de Fontainebleau en regorge, ainsi que d’autres régions de France :

 

 

 

 

 

À 1h45 de Nice, on peut découvrir les grés d’Annot avec une balade qui part du village. Enchantement garanti.

Pour les légendes qui s’y attachent, passez par l’office du tourisme!

 

 

 

 

 

 

Le sable transporté par le vent a une forme ronde et un aspect mat alors que le sable transporté par l’eau est plutôt de forme ovale, avec une surface brillante et transparente. Différences invisibles me direz-vous… Pas pour les constructeurs…

Il n’y a qu’à regarder les enfants qui font spontanément des châteaux sur les plages !

Ils en retirent du plaisir et leurs constructions sont éphémères.

Ce n’est pas le cas des constructions faîtes par les adultes qui ont bien mémorisés les propriétés de ce matériau :

Après l’air et l’eau, le sable est la ressource la plus utilisée au monde, avec environ 15 milliards de tonnes par an et plus de 200 utilisations, avec, entre autres :

–       La construction : le sable est utilisé comme agrégat (mélangé avec un liant comme le ciment ou la chaux pour former des mortiers, bétons et autres enduits…) ; Il sert à la construction des bâtiments, maisons- (200 tonnes pour une maison moyenne), routes, autoroutes (30 000 tonnes par kilomètres), centrales nucléaires (12 millions de tonnes), barrages, terrains de sports, décoration ; …

–       Le sable sert à filtrer les liquides (dans les filtres des piscines par exemple, mais aussi dans l’industrie) ;

–       C’est la matière première de la fabrication du verre ;

–       Il entre dans la composition de divers matériaux tels que les composites par exemple (mélangé à de la résine et des fibres de carbone) ;

–       La silice qu’il contient sert à la fabrication de microprocesseurs (ordinateurs, télévision, téléphones, smartphones…), les panneaux solaires ;

–       Il permet de remplir des sacs de lest, de protection (dans la gestion des crues des rivières par exemple) ;

–       Il sert de litière pour animaux ;

–       Il sert d’assise de certaines voies ferrées et du pavage des rues ;

–       Il est utilisé comme abrasif  avec la technique du sablage, afin de nettoyer efficacement certaines surfaces ;

 

Son utilisation pour délaver les jeans par sablage projeté sous haute pression a été dénoncée dans les années 2010. Cela provoque en effet une très fine poussière de silice qui se loge dans les alvéoles pulmonaires des ouvriers, les condamnant à terme à la silicose avec une issue fatale. De grandes marques se sont alors engagées à ne plus utiliser cette technique. Aujourd’hui se développent peu à peu les techniques au laser ou à l’ozone. Cliquez sur l’image pour plus d’infos sur la technique:

 

Cependant, il convient de bien lire les étiquettes car certains pays utilisent encore le sablage.  Plus d’infos en cliquant sur l’image:

Et un rapport intéressant en cliquant ici

 

–       Le sable sert aussi d’amendement agricole pour varier le pH de certains sols, modifier la texture des terres (pour la culture des carottes par exemple, afin d’obtenir de belles carottes droites et longues !) ;

–       Il sert à la création d’îles artificielles (principalement dans le golfe Persique), le remblai ;

–       Et pour la défense côtière (avec les dunes) ;

–       Et tant d’autres…

 

En construction, le sable utilisé ne provient pas des déserts. Comme signalé au début de l’article, sa structure trop ronde et trop fine ne permet pas une agglomération correcte.

On utilise donc le sable des plages, des fonds marins, des rivières et des carrières.

– Il est d’ailleurs important de signaler que seule une petite partie du sable de rivière arrive à rejoindre la mer. En effet, les nombreux barrages construits sur les fleuves et rivières du monde entier bloquent le cheminement naturel du sable –

Le sable est ensuite lavé (pour le dessaler et enlever les impuretés) et calibré afin de respecter les normes en vigueur. Pour des constructions parasismiques par exemple, les grains ne doivent pas excéder 5 mm et le ciment doit en contenir au moins 250 Kg par m3. Ce sable doit avoir été lavé à l’eau douce (afin d’éviter la corrosion des armatures par le sel), et le sable de pouzzolane doit être humidifié avant usage (à cause de sa porosité).

 

Et son extraction va en augmentant, sans respect aucun de l’environnement.

Les conséquences sont graves car elles entraînent une disparition des plages, une déstabilisation et un effondrement des côtes, la disparition des certaines îles.

Car à force de creuser au large des plages pour récupérer ce sable, la cuvette sous marine devient de plus en plus profonde. Comme la pente sous-marine est rendue plus abrupte, le sable côtier va rouler et se déverser… au fond de cette cuvette !!! Alors on reprend du sable au fond et on le remet sur les plages… et c’est le cercle vicieux. Absurde non ?…

La principale différence avec le sable destiné à la construction, c’est que ce dernier n’est jamais remplacé, lui. Il demeure prisonnier des immenses buildings et autres routes…

De plus, le dragage des fonds marins entraîne la formation d’un nuage de poussière très fine, qui se répand comme de la cendre sur les fonds marins, laissant un paysage désertique car étouffant tout. L’écosystème entier est détruit. La pêche traditionnelle locale disparaît.

 

En France, environ 50 millions de m3 de sédiments sont extraits chaque année. Vous pouvez lire un rapport datant de 2005 (64 pages !) en cliquant sur le lien suivant :

http://wwz.ifremer.fr/drogm/content/download/18053/264727/file/RapFoucher.pdf

Ou encore un excellent site créé en 2009 : Sémaphore.                                                             Pour y accéder, cliquez sur l’image : 

Vous pouvez aussi lire le rapport du grenelle de la mer (2009) en cliquant sur l’image :

Des blogs se créent pour diffuser des informations, comme par exemple à Anglet :

https://sosla.wordpress.com/

 

Ces abus sont difficilement contrôlables car les besoins économiques et les profits réalisés sont tels que les gouvernements ferment bien souvent les yeux. Le sable, perçu comme ressource gratuite et inépuisable, n’est pas considéré comme une ressource naturelle menacée.

Exemples caractéristiques :

Singapour : Avec des constructions de plus en plus hautes et une recherche permanente de gain de surfaces sur la mer, l’île fait une consommation abusive de sable, fermant les yeux sur les importations frauduleuses.

On peut aussi parler de Dubaï et ses îles artificielles : Le Palmier et le Monde, composées de plus de 320 millions de tonnes de sable, dragué sur place et de 34 millions de tonnes de pierres.

 

Ces constructions envahissent aussi le littoral, déséquilibrant le mouvement naturel des plages

Et oui, nos plages bougent, ou plutôt, devraient bouger, le sable étant apporté par la mer, ou l’océan, grâce à la houle, les marées et les courants. C’est alors que le vent prend le relais et fait bouger la plage, créant où c’est possible des dunes. L’hiver, la plage aurait naturellement tendance à reculer pour se protéger de l’action abrasive des vagues, plus fortes en cette saison. Mais ce recul ne peut plus s’effectuer à cause des constructions côtières, et la plage se rétrécit peu à peu. Les municipalités mettent alors de très nombreux moyens en œuvre afin de préserver la largeur de leurs plages, garantissant ainsi un tourisme estival correct, et coûtant des millions d’euros aux contribuables.

Mais la fâcheuse manie de l’homme à vouloir créer du durable, du persistant, de l’immobile, du « rassurant » fait qu’il tient absolument à stabiliser ses côtes et ses plages, investissant à tour de bras en constructions multiples, digues, immeubles, ports… plus rentables monétairement les uns que les autres.

 

Et puisqu’on parle de rentabilité, un autre souci pointe son nez :

La raréfaction du sable entraîne une augmentation de son prix !!!

Et dans certains pays, les fraudes à la construction se multiplient : baisse du pourcentage de sable dans le mortier, remplacement par des adjuvants de mauvaise qualité, sable de contrebande (non lavé, il fragilise les constructions avec des risques d’effondrements futurs).

Certains états avertissent leurs concitoyens. Par exemple au Maroc :

http://www.aujourdhui.ma/maroc-actualite/focus/sable-de-construction-la-triche-a-grande-echelle-100857.html

 

En construction, il est possible d’utiliser d’autres techniques, d’autres matériaux. Voici quelques idées :

 

On peut utiliser les roches locales, comme le faisaient les anciens. Par exemple :

 

La pouzzolane est une roche naturelle d’origine volcanique (ID de sortie vacances : les volcans d’Auvergne. Vous en verrez plein !).  On en retrouve dans certains mortiers comme le Batichanvre par exemple. Cliquez sur l’image pour plus d’infos :  

La garluche (grés ferrugineux) et l’alios (grès), pierres landaises, utilisées en construction, mais abandonnées avec l’avènement du béton :

 

 

Les noyaux d’olives (si si !!! 🙂 ). On les retrouve dans le Mixxol, mortier léger prêt à l’emploi. Cliquez sur l’image pour plus d’infos :

 

On peut aussi penser au recyclage de matériaux usagés, qui présente l’avantage de gérer et limiter nos déchets :

Le verre broyé ;

Les vieux gravas et le béton issus de la destruction des vieux immeubles ou des vieilles constructions peuvent être aussi broyés et réutilisés ;

Les tuiles et briques usagées en les concassant et les pilant ;

Les coquilles vides des coquillages consommés ! Et oui, récupérées et recyclées en les pilant, elles formeraient un excellent agrégat !


Les briques de terres crues :
pour accéder à une vidéo montrant leur fabrication, cliquez sur l’image :

 

et le site CRAterre. Cliquez sur l’image pour plus d’infos :

Ou encore le centre de terre en Haute-Garonne : 

 

 

Et voici aussi d’autres idées de construction :

 

Earthships : Habitation inventée par l’architecte américain Michael Reynolds dans les années 70. Le but est de construire une habitation écologique et à moindre coût en utilisant les matériaux situés à portée de main. Site en anglais :

 

et en français :  http://www.solutionera.com/#!earthship/c9li

Et voici une vidéo sur sa construction :

Maison en paille

 

Boudins de terre éco dome :

 

En palettes recyclées :

 

En bambou :

 

En fustes (bois) :

 

En terre crue :

 

En voici des très originales :

 

Maisons bulles : Ces maisons se développent peu à peu. Je me souviens regarder les bulles qui émergeaient du sol à Théoule sur mer quand j’étais enfant! Cela me fascinait. Je ne savais pas que Pierre Cardin allait y habiter !

Ces maisons utilisent un voile de béton (et par conséquent du sable), mais les matériaux évoluant, je suis certaine qu’il sera rapidement possible de remplacer ce sable par un autre agrégat.


Plus d’infos sur le site Habitat-bulles :avec le Straussconcept : 

Maison enterrée en pisé (terre crue) : 

Ou encore un excellent site en anglais 

 

Héliodome :

 

Domespace :

 

Maison bioclimatique :

 

Ou encore la Maison vivante, à semer dès notre naissance: 

 

Et pour le plaisir des yeux, des idées parfois…renversantes, même si nous ne garantissons pas le côté écologique !  😆

 

Faudra t-il en arriver à taxer fortement les ressources naturelles ? Faudrait-il subventionner les matériaux recyclés ?…

Il suffirait d’un peu de conscience pour faire changer les choses.

 

Si vous avez un peu de temps disponible, en cette période estivale, regardez cet excellent reportage « Le sable, enquête sur une disparition » de Denis Delestrac:

et pour voir le film de 1h15 en entier, cliquez sur l’image :

 

Le sable…élément essentiel du sablier, mesurant inlassablement le temps qui s’écoule…

Le temps… En aurons-nous assez pour changer nos habitudes et préserver notre monde ou est-ce déjà trop tard ?… L’avenir le dira.

Et vous, dans vos rêves d’enfants, vous le voyiez comment votre monde de « quand on sera grand… » ?

Nous vous souhaitons un bel été, et de beaux rêves enchantés… car le marchand de sable va passer !… 😉

                                                                                                                                                                     Nathalie MJ