L’atelier nature de Pascale Gélis-Imbert

Un « Atelier Nature » dans le cadre des NTAP

L’écologie, la protection de notre planète sont, pour beaucoup d’entre nous, au cœur de nos préoccupations. Nous sommes conscients qu’il nous faut réagir vite, très vite. Les initiatives collectives et individuelles se multiplient. Mais il reste encore tellement de gens à sensibiliser et tant de choses à faire. On tue des mammifères, des poissons… des espèces animales entières sont vouées à l’extinction. On tue des arbres, on déforeste inlassablement… d’immenses forêts tendent à disparaître.

Au cours des dernières décennies nous avons abusé de nos ressources naturelles. Nous avons souillé nos sols, nos cours d’eau, nos océans, notre atmosphère… nous avons dénaturé notre environnement. Nous sommes en train de laisser à nos enfants une terre malade qu’ils devront soigner. C’est important de le leur faire comprendre. C’est dans cet esprit de sensibilisation que j’ai voulu intervenir, en proposant à la mairie de mon village un « Atelier Nature » pour les classes du primaire, dans le cadre des NTAP.

Toujours dans cet esprit, j’ai développé, l’année dernière, une application « La WebFlore » basée, entre autres, sur l’observation des plantes. Car malheureusement, l’observation disparaît petit à petit de notre mode de fonctionnement, de nos apprentissages. Pourtant je reste persuadée que :

Lorsqu’on observe, on comprend,

Lorsqu’on comprend, on aime

Lorsqu’on aime, on respecte.

Et ceci s’applique à bien des domaines. Le Respect est une valeur essentielle. Cependant elle est bien mal menée à travers le monde. Quand on apprend à respecter une plante, on respecte les animaux et… les Hommes… tous les êtres vivants.

Capture d’écran 2015-06-24 à 15.42.39Etant spécialisée en phyto-aromathérapie, j’ai voulu centré mon « Atelier Nature » sur la connaissance des végétaux. En plus, j’avais lu une enquête qui rapportait que de nombreux collégiens ne réalisent pas que les arbres, les « herbacées » sont des êtres vivants. Certains enfants ne comprennent pas que les plantes naissent, se nourrissent, grandissent, se reproduisent et meurent, comme nous. Pourtant actuellement, l’observation de certaines plantes nous incite à parler « d’Intelligence Végétale ». La réaction du mimosa pudique qui referme ses feuilles quand on le touche ou celle de l’acacia caffra qui empoisonne les koudous de la savane qui s’en nourrissent, poussent les scientifiques à évoquer des réactions « préméditées » de défense et de protection.

Je voulais cet atelier à la fois ludique et scientifique, coloré et vrai, gai mais gentiment alarmiste. Je voulais amener les enfants à une réflexion simple sur ce monde dévasté qui sera le leur. Mon but était de leur faire comprendre que sans animaux, sans végétaux nous ne sommes rien et qu’il fallait se montrer humble devant notre « Mère Nature ».

Je décidais donc de scinder mon intervention en cinq séances déclinées comme suit :

  • Les plantes, des êtres vivants
  • Les végétaux, des êtres surprenants
  • Balade dans la nature
  • La nature par les sens
  • Pourquoi protéger la nature ?

J’ai « travaillé » avec deux groupes, le premier composé de CP, CE1 et CE2 et le second de CE2, CM1 et CM2. Avant chaque atelier je cueillais des fleurs, des feuilles, parfois des fruits… que la Nature me pardonne ! Comme je l’ai dit précédemment je voulais baser cette approche sur l’observation des plantes qui poussent autour de chez eux. Les enfants touchaient, sentaient, goutaient, décrivaient, échangeaient… Et d’une séance à l’autre je voyais qu’ils retenaient des notions essentielles, quel bonheur ! J’ai d’ailleurs été particulièrement touchée par une petite fille en grandes difficultés scolaires qui pendant ces ateliers répondait à mes questions avec beaucoup de pertinence.

Avec passion, j’ai pu aborder la valeur médicinale et aromatique de certaines plantes. Nous avons vu un eucalyptus globuleux, un caroubier, observé du romarin, Capture d’écran 2015-06-24 à 15.42.13du lentisque pistachier, des capselles bourses à pasteur, du myrte, de l’herbe aux schtroumpfs…

Nous avons pu évoquer l’huile essentielle de l’eucalyptus qui dégage les poumons. Nous avons parlé de l’unité de mesure des pierres précieuses « le carat » directement lié à la masse constante des graines du caroubier. Nous avons observé la feuille du lentisque en forme de plume ainsi que des bourses à pasteur. Cette petite plante a  la particularité de porter à la fois des fleurs et des fruits en forme de cœurs, de plus c’est un bon hémostatique comme l’achillée millefeuille. Capture d’écran 2015-06-24 à 15.42.02Nous nous sommes transformés en « petits êtres bleus » en goutant de jeunes feuilles de salsepareille. Toutefois, je leur ai aussi montré la corroyère à feuilles de myrte, plante toxique par excellence qui rend très malade tous les petits enfants qui la mangent. J’ai pris, comme exemple, la digitale pourpre dont l’activité extrêmement puissante sur le cœur peut entraîner la mort mais qui, pourtant, utilisée par des médecins sauve des vies.

Les enfants sont friands, si je peux m’exprimer ainsi, de « plantes dangereuses » avec lesquelles de méchantes sorcières pourraient fabriquer des « potions magiques » aux pouvoirs maléfiques ; elles seraient aussi agrémentées de bave de crapauds et de venin de serpents… leur imaginaire prend vite le dessus. Dans le même ordre d’idée ils sont fascinés par les plantes carnivores… mais malheureusement elles ne poussent pas dans l’arrière-pays niçois!

Lors du 4ème atelier, ils ont gouté des infusions de romarin, de thym, de marjolaine… aux sons des « Beurk », « Pouah », « Bah »… Puis ils ont senti les huiles essentielles correspondantes mais aussi des essences d’agrumes qui leur ont beaucoup plu. Ils ont reconnu l’huile essentielle de lavande, celle de menthe…

La dernière séance fut consacrée à une « sensibilisation écologique » en leur montrant les Capture d’écran 2015-06-24 à 15.42.25« images choc » d’une tortue avalant du plastique, d’une marée noire, de déchets toxiques, de bulldozers dévastant une forêt… puis des images tendres d’animaux avec leurs petits. La réaction des enfants fut impressionnante. Ils posèrent de nombreuses questions. Cependant, ils semblaient bien informés et très préoccupés par le sort de certains animaux en voie de disparition, par la pollution des océans, par le réchauffement climatique…

Nous avons conclu nos rendez-vous hebdomadaires en lisant « La Légende du Colibri » dans laquelle est explicité que chacun d’entre nous a un rôle à jouer.

Je suis contente car je sais qu’ils ont tout compris ! Car maintenant dès que je coupe une plante pour la leur montrer ils me grondent ! Ils savent désormais que tout est lié !

Pascale Gélis-Imbert

Docteur en Pharmacie

www.webflore.fr