Nos déchets ont des couleurs

                                                    Nos déchets ont des couleurs 

Quand vous avez un vieux chou rouge oublié dans votre frigo, qu’est-ce que vous faites d’habitude ? Avec mauvaise conscience, vous le jetez. Dommage. Nature, avec une goutte de vinaigre blanc ou une pincée de bicarbonate de soude, il révèle une palette insoupçonnée de couleurs à faire pâlir d’envie un aquarelliste en herbe…   

Il y a des jours où la vie sourit. Mon amie Marie-Ange m’a invitée l’autre jour à l’un de ses « Ateliers du bricorecycleur » lancés avec l’idée de rendre à chacun le plaisir de créer en utilisant ce qui est à portée de main, d’armoires ou de garde-manger. Elle m’a juste dit, « on va s’amuser avec des couleurs ». Depuis, je ne regarde plus les légumes avec le même œil. Eux aussi ont droit à une seconde vie quand ils ne peuvent plus être consommés. Et quel talent ! Il suffit d’un mi-bas, d’un mixeur et d’un robot chef pour agrandir la famille des plantes tinctoriales, ces plantes qui servent à préparer des colorants et des teintures. Non, il n’y a pas que le bleu indigo de l’indigotier, ni le rouge Garance. Il y a aussi le bleu de Prusse du chou rouge, le jaune intense du curcuma, le vert prairie de l’épinard, le rouge bordeaux violacé de la myrtille. De quoi émerveiller petits et grands. Car le plaisir est d’être entier absorbé par la préparation de « ses peintures » avant d’imaginer comment les utiliser. Pas de limite à la créativité, tout est possible…

 Extraordinaire chou rouge

Lui, c’est mon préféré avec l’épinard. Il suffit d’un bon quart de chou rouge, coupé en morceaux puis mixé dans un robot avec un verre d’eau. Avec une passoire vous filtrez la mixture pour récupérer le jus. Dans un bol, vous obtenez un beau violet que vous pouvez utiliser tel quel pour dessiner. Mais, le chou rouge n’a pas dit son dernier mot. Dans un autre récipient, vous pouvez vous amuser à mélanger le violet avec une goutte de vinaigre blanc et jouer à l’infini avec les dosages. S’offre alors au regard une variété de roses tyrien du plus sombre au plus clair. Le bonheur. Dans un autre contenant, au jus de chou rouge vous ajoutez une pincée de bicarbonate de soude – on en trouve en grande surface ou en pharmacie pour trois francs six sous. Surprise, le bleu s’impose en majesté. Plus le ph devient basique, plus on vire vers des verts forêt… Vous voilà prêt à devenir chimiste ! Si, si. Avec l’épinard, on quitte le vert forêt pour gambader dans la prairie. Comment faire ? Prendre une grosse poignée d’épinards frais que vous mettez dans un mi-bas – c’est fou ce qu’on peut faire avec un mi-bas ! Vous malaxez les feuilles au dessus d’un bol pour en extraire le jus et là, la palette du peintre s’enrichit d’un coup. C’est étonnamment beau. Bluffant même. Très vite une envie s’impose. Ça donne quoi la betterave crue, la chicorée, la carotte, le sureau ? Et bien testez !

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On peut se lancer aussi dans la teinture textile sans passer par les colorants de synthèse. Entre nous, si vous aimez le jaune, vous ne pourrez plus vous passer du curcuma, réputé aussi pour ses vertus anti-cancéreuses et anti-inflammatoires. 

G.P.

 

Pour en savoir plus :

http://www.ateliersdubricorecycleur.org/. 

https://www.facebook.com/ateliers.dubricorecycleur. 

Oui, je sais, ce n’est pas dans les Alpes-Maritimes. Mais les bonnes idées n’ont pas de frontière…