Le papier

Ca y est, c’est dit, annoncé : la rentrée va coûter plus cher aux étudiants… Qu’aux étudiants… ? J’en doute… Avec la hausse de la TVA annoncée pour 2014 (encore…), il est grand temps de contrôler nos achats et les rendre plus éthiques, écolos, bref, changer nos habitudes. Après tout, la rentrée de Septembre (après le début de l’année bien sûr) est faîte pour marquer les bonnes résolutions. Le challenge est de s’y tenir !!!

Pour vous aider dans la recherche des fournitures scolaires, nous vous proposons quelques idées. Et pour ceux qui ne sont pas trop dégoûtés par cette reprise, nous vous proposons un dossier sur le papier.

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Tout d’abord, pour économiser, le mieux est de ne pas acheter !!!

On fait donc avant le tour des affaires qu’on a déjà. Et cette année, comme la mode est au vintage, on en profite et on surfe sur la vague, pour une fois qu’elle nous aide ! Les vieux crayons taillés prennent des allures de neuf. Reste à convaincre les enfants de les utiliser. Et là, toutes les idées sont permises, à vous de jouer !

On peut aussi suggérer aux instituteurs et professeurs d’autoriser et même de demander aux élèves d’utiliser le cahier non fini de l’année précédente. Si ça n’est vraiment pas possible, on conservera les feuilles non utilisées en papier de brouillon.

Il est plus facile d’effectuer les achats sans les enfants, au moins ils ne sont pas tentés par le dernier stylo à la mode ! Et pour ceux qui veulent absolument venir, à nous les compromis : « Ok, on prend des cahiers recyclés, et tu peux choisir l’agenda (le cartable, le sac ou le stylo) qui te convient !!! ».

Pour les nouveaux achats, on privilégie le solide qui pourra durer et servir les années suivantes. Choisir plutôt des tons neutres, qui lassent moins que les motifs qui passent de mode ou d’envie. Et pour ce qui est du look, on peut toujours s’amuser à les customiser différemment chaque année.

On peut grouper nos achats (avec les copines, amies, familles, voisines, écoles, classes…), et favoriser les grandes contenances (lots de stylos, feutres…). Et on peut ainsi solliciter le revendeur du coin. Un achat groupé lui permet de négocier les prix avec ses fournisseurs, et on participe ainsi à la vie économique locale. Par contre, cela nécessite un peu d’organisation et d’anticipation. Si c’est trop tard pour cette année, tant pis, on conserve l’idée pour l’année prochaine. On peut même le proposer comme projet scolaire à un(e) instituteur/trice motivé(e) !

On préfère le matériel rechargeable (stylos, peinture, crayon…), et les produits recyclables (fournitures en bois).

Pour les produits « toxiques », il est conseillé de choisir les équivalents écologiques (colles, effaceurs, marqueurs…).

Attention aux labels. Certains ne veulent rien dire et augmentent la note pour rien. En voici quelques uns. Cliquez sur les images pour plus d’informations:

FSC : il désigne les produits issus de forêts exploitées suivant des critères écologiques et de gestion durable.

 

PEFC : Il désigne les bois issus de forêts exploitées selon des critères de gestion durable. Il n’est cependant pas soutenu par les grands organismes de protection de l’environnement qui le jugent insuffisant.

 

Ecolabel européen : Il garantit une réduction des impacts environnementaux tout au long de la vie du produit estampillé.

 

NF : Il est incontournable pour les achats de fournitures en papier pour la maison et le bureau.

 

A ce propos, connaissez-vous la loi Le Texier de 1999 ?

Nous la devons aux enfants. La proposition de loi adoptée par le 5ème « Parlement des Enfants » qui se réunit tous les ans au Sénat, avait pour objet d’interdire aux établissements scolaires et aux collectivités locales l’achat de fournitures ayant requis l’emploi d’une main-d’oeuvre enfantine. Elle a été présentée par Mme Raymonde Le Texier, députée de la circonscription de la classe lauréate, le CM2 de l’école Saint-Exupéry de Sarcelles, dans le Val-d’Oise. Cette proposition a ainsi donné lieu à la loi n° 99-478 du 9 juin 1999, visant à inciter au respect des droits de l’enfant dans le monde, notamment lors de l’achat des fournitures scolaires.

Comment faire pour distinguer une fourniture scolaire éthique ? Depuis la rentrée 2005, l’AFNOR qui certifie la norme NF a lancé un nouveau label : l’écolabel NF Environnement, imprimé sur les produits concernés. Cela certifie plusieurs choses :

  • Que la fabrication elle-même du produit est respectueuse de l’environnement, (moins d’énergie, moins d’eau, sans substances chimiques dangereuses dans les encres, par exemple)
  • Que le produit est de réelle qualité,
  • Que les papiers utilisés sont soit recyclés, soit issus de forêts gérées durablement.

Pour les inconditionnels des achats sur internet, voici quelques sites de fournitures. Cliquez sur les images pour y accéder :

Un bureau pour la terre

 

 

Ecobureau

 

 

Terre de chanvre

 

 

Tout Allant Vert

 

 

On le sait, l’été n’est pas encore vraiment fini. Alors on choisit d’alléger le dossier et d’aller à l’essentiel, histoire de ne pas faire trop …scolaire ! Tout d’abord une mise en bouche avec un petit film sur la fabrication de papier (du latin papyrus)  :

A partir de là, des millions de cahiers, livres, carnets, et autres affiches seront fabriqués.

Mais le papier ne sert pas uniquement à cela. On le retrouve dans de nombreux produits d’hygiène, de nettoyage, de construction, alimentaires : essuis-tout, kleenex, couches pour bébés, mais aussi vaisselle et gobelets jetables, briques et barquettes alimentaires, cartons, éléments de décoration, cloisons japonaises, et tant d’autres…

L’impact environnemental est grand :

–       Il faut 2 à 3 tonnes de bois pour fabriquer 1 tonne de papier classique, bien qu’en France, le papier est produit à partir de papiers récupérés (60%) et de chutes de scieries et de bois d’éclaircies (40%) nécessaires à la gestion de la forêt. Pour info, la lettre du président de Copacel (confédération française de l’industrie des papiers, cartons et celluloses) en réaction à une émission télévisée visant un géant papetier indonésien -ici –  

–       250 000 hectares de forêt tropicale disparaissent chaque semaine à travers le monde. Même si, en France et en Europe, 90% du papier utilisé provient de forêts gérées de manière durable et labellisées, il n’en est pas de même dans le reste du monde. Pour exemple en Indonésie, le géant Asia pulp and paper -ici – 

Dans d’autres pays, le bois des forêts tropicales est vendu dans un premier temps pour des industries autres que papetières (fabrication de meubles par exemple), sous le couvert des décideurs locaux  qui ferment les yeux. La surface dégagée sert à l’implantation d’arbres destinés à l’industrie papetière qui peut alors se vanter de ne pas utiliser d’arbres en provenance de forêts primaires. Selon l’Ademe, 1 page sur 5 proviendrait encore de forêts anciennes.

–       Les plantations industrielles de pins, eucalyptus ou peupliers perturbent et appauvrissent la biodiversité locale.

–       Le chlore, terriblement polluant, reste majoritairement utilisé pour blanchir la pâte à papier. Il peut être remplacé par des dérivés chlorés (comme le dioxyde de chlore), moins polluants, ou encore par du peroxyde d’hydrogène (plus communément appelé eau oxygénée), qui ne dégagera que de l’oxygène et de l’eau lorsqu’il est utilisé comme agent de blanchissement.

–       L’eau : il en faut un très gros volume. Afin de le réduire, certains producteurs de pâte à papier la recyclent et l’utilisent en circuit presque fermé.

–       L’industrie du papier utilise énormément les transports (importation du bois de l’étranger, puis transport de la pâte à papier vers des usines de transformation, transport vers les imprimeries, puis transport vers les façonneurs et enfin transports des produits finis), avec toute la pollution que cela génère.

–       Cette industrie est une très grosse dévoreuse d’énergies (électrique, fossile).

Un livre à lire pour les plus intéressés : Déforestation tropicale et industrie papetière en Indonésie de Romain Pirard, paru en 2010.

Pour vous donner une idée, quelques compteurs indiquant la consommation de papier, le nombre d’arbres coupés pour du papier hygiénique… :

Des prises de consciences à plus grande échelle …

Un peu long, mais très intéressant, ce rapport d’une table ronde organisée le 24 juillet 2013 au sénat autour de la pâte à papier et l’huile de palme en Indonésie. Cliquez ici pour accéder au rapport n°108.

…Mais non encore suffisantes…

Alors que le géant Asia Pulp and paper s’engageait à stopper la déforestation en février 2013 –ici-  les malversations continuent -ici-

Des solutions à notre portée :

–       Accepter d’utiliser du papier moins blanc. En effet, sa couleur naturelle est plutôt écrue. Et cela vaut aussi pour tous les autres dérivés de la pâte à papier (kleenex, essuis-tout, protection intime, couches pour bébés…).

–       Utiliser du papier recyclé qui nécessite moins d’eau et d’énergie pour sa fabrication. Et même si l’emploi d’agents blanchissants (comme le peroxyde d’hydrogène) est nécessaire pour supprimer les restes d’écritures, le bilan environnemental reste meilleur que la fabrication classique.

–       Utiliser le papier à bon escient et penser à le recycler (ainsi que les emballages).

–       Troquer ses livres, les vendre et les acheter d’occasions, ou les emprunter dans une bibliothèque pour ceux qu’on n’a pas envie de conserver.

 

Privilégier le papier ou les autres supports (tablettes, ordinateurs, liseuses…), le débat est lancé. On peut toutefois noter qu’à l’heure actuelle, le papier est l’ami du développement durable :

–       Issu de ressources renouvelables – ben oui, les arbres, ça repoussent – il faut cependant être certains de la gestion durable des forêts. Essayez donc de faire repousser les métaux rares (qui entrent dans la composition du matériel électronique et dont l’extraction minière est responsable de déforestations massives, y compris de forêts primaires)!

–       Le papier, ça se recycle : 60 % des papiers et cartons sont aujourd’hui recyclés en France. Et nettement plus facilement et avec des méthodes moins polluantes que les matériaux électroniques…

–       La fabrication du papier use de produits pas très écolo. Mais comparé aux constituants des ordinateurs, y’a pas photo, le papier l’emporte haut la main. On insiste tout de même sur le fait que ça n’est pas pour ça qu’il faut le gaspiller.

–       Le papier, c’est biodégradable. Laissez une feuille 1 mois sous la pluie et voyez le résultat. Maintenant, essayez avec un ordinateur….. ! Ca n’est pas pour cela qu’il faut jeter nos papiers partout, sous prétexte qu’ils vont se dégrader. Un papier non recyclé qui atterrit dans une décharge génère 2 fois plus de pollution que sa fabrication… Ca fait réfléchir, et nous motive à trier et recycler. Cliquez sur l’image pour l’agrandir:

 

Pour info , deux sites très bien faits sur le recyclage – cliquez sur les images pour y accéder:

 

 

–       Un livre est 250 fois moins polluant qu’un E-book, dixit la société Carbone 4 qui a réalisé une étude en 2009. Le bilan carbone d’un livre est de 1Kg contre 240 Kg pour un E-book. Pour amortir sa liseuse, il faudrait lire 80 E-book en 3 ans avec la même machine. Vous croyez qu’elle va résister ?….

–       Un livre fonctionne partout, sans piles ! Alors qu’une liseuse, c’est bien souvent des piles au lithium, véritable poison pour l’environnement.

–       Le poids des livres. Là, je vous l’accorde, et j’en ai fait les frais lors de mon dernier déménagement…  Et puis je me suis dit que ça m’avait finalement bien remis en forme de porter tous ces cartons.  🙂

–       Le côté pratique des liseuses et autres ordi : grâce à internet, on accède à une banque de données formidable, et le contact et les échanges sont facilités. A nous de ne pas imprimer à tout va et de penser à sauvegarder les dossiers importants sur des clefs USB ou des disques durs externes afin de ne pas perdre les données si un accident arrive à notre ordinateur (tablette, liseuse…).

Pour résumé, le bilan écologique est nettement en faveur du livre. 

Et pour finir, quelques expressions autour du papier :

Les noces de papier symbolisent 37 ans de mariage,

Le papier symbolise la fragilité,

Un papier désigne un article dans la presse écrite,

Etre dans les petits papiers de quelqu’un signifie avoir son estime.

Avoir une mine de papier mâché signifie avoir mauvaise mine…

… Ce qui n’est pas votre cas après ce bel été ensoleillé.   😎  Nous vous souhaitons une très belle rentrée.  🙂

                                                                                                                                                     Nathalie MJ